DANS LES SIGNES DU MONDE
Suivi de
Petites Faims de siècle
1999
1
Quand les signes deviennent trop visibles
le silence du monde, seul est avouable.
le silence du monde, seul est avouable.
2
Placés dans la grande marge
vous ne changez pas,
vous flottez.
vous ne changez pas,
vous flottez.
Vos bibliothèques pansues
gardent vos idéaux volatils
vous attendez l’heure.
gardent vos idéaux volatils
vous attendez l’heure.
3
Là d’où je vous parle
vous n’écoutez plus,
les arbres blancs,
la terre très noire.
Là d’où je vous parle
vous n’écoutez plus
tant de choses à ne pas vous dire,
vous n’écoutez plus,
les arbres blancs,
la terre très noire.
Là d’où je vous parle
vous n’écoutez plus
tant de choses à ne pas vous dire,
arbres
vent,
terre,
nuit.
4
J’ai lu dans votre ciel
Les signes du monde,
ils me disaient tous d’aller
de ce côté de la lumière,
Les signes du monde,
ils me disaient tous d’aller
de ce côté de la lumière,
fragment d’onde
Arraché à sa source,
du temps de la première faute,
de la première effraction.
Arraché à sa source,
du temps de la première faute,
de la première effraction.
J’ai lu dans votre ciel
les signes du monde,
ils me disaient tous d’aller
vers ce chaos gelé
que seuls les météores
comme des fusées traversent.
Là où la terre est moins grise,
là où le bois soutient les masures,
à la frontière imprenable
où les chiens tous de garde,
vénèrent la voix qui sait les commander.
les signes du monde,
ils me disaient tous d’aller
vers ce chaos gelé
que seuls les météores
comme des fusées traversent.
Là où la terre est moins grise,
là où le bois soutient les masures,
à la frontière imprenable
où les chiens tous de garde,
vénèrent la voix qui sait les commander.
J’ai lu dans
votre ciel
les signes du monde,
ils me disaient tous d’aller
vers ce pays
où la pluie seule
lave l’ancienne tristesse,
infiltre la terre du souvenir,
alimente l’arbre aux vies multipliées.
les signes du monde,
ils me disaient tous d’aller
vers ce pays
où la pluie seule
lave l’ancienne tristesse,
infiltre la terre du souvenir,
alimente l’arbre aux vies multipliées.
5
Des outils plus ou moins libres
se frayèrent un passage
dans le ventre de l’intime.
se frayèrent un passage
dans le ventre de l’intime.
Les moissons furent riches
les cultes nombreux,
pierre axe, pierre tombeau,
médiatrice entre l’argile et la sable,
entre le monde d’en bas
et le monde d’en haut.
les cultes nombreux,
pierre axe, pierre tombeau,
médiatrice entre l’argile et la sable,
entre le monde d’en bas
et le monde d’en haut.
Ventre lourd
de trop de paroles,
chacun de penser seul,
chacun de demeurer seul,
avec ses questions désespérément horizontales,
c’est une dure saison
pour qui abandonne la lenteur
au rêve du tout cristallisable.
de trop de paroles,
chacun de penser seul,
chacun de demeurer seul,
avec ses questions désespérément horizontales,
c’est une dure saison
pour qui abandonne la lenteur
au rêve du tout cristallisable.
6
Si peu de lignes, si peu de verbes,
attablés pour la grande famine des âmes
nous étions nus et tentions de cacher
les quelques fruits arrachés à notre enfance.
attablés pour la grande famine des âmes
nous étions nus et tentions de cacher
les quelques fruits arrachés à notre enfance.
7
Terre
ici,
fleurissent les rameaux,
se couvrent de mousse les pierres
terre,
ici
loge l’enfance,
et sa beauté vivifiante .
ici,
fleurissent les rameaux,
se couvrent de mousse les pierres
terre,
ici
loge l’enfance,
et sa beauté vivifiante .
8
Terres
maigres,
grasses,
légères,
lourdes,
toutes ces terres
recueillent les chantiers de nos vies,
toutes ces terres travaillent
pensées,
calculs,
enfouissent nos cultes
sous des stèles,
cailloux,
gravier.
maigres,
grasses,
légères,
lourdes,
toutes ces terres
recueillent les chantiers de nos vies,
toutes ces terres travaillent
pensées,
calculs,
enfouissent nos cultes
sous des stèles,
cailloux,
gravier.
Nous,
restons seuls
sous la matière domptée,
sous un ciel étanche,
sous un soleil non conforme,
seuls,
sous nos chairs,
pour témoigner
de l’impossible paix.
restons seuls
sous la matière domptée,
sous un ciel étanche,
sous un soleil non conforme,
seuls,
sous nos chairs,
pour témoigner
de l’impossible paix.
Terres
où l’on s’embourbe
terres des herses brisées,
terres accoutrées comme des messes,
terres où blanchissent les draps,
où s’allongent les vents,
terres,
Bibles endormies
dans le vénérable mouvement du sarcloir.
où l’on s’embourbe
terres des herses brisées,
terres accoutrées comme des messes,
terres où blanchissent les draps,
où s’allongent les vents,
terres,
Bibles endormies
dans le vénérable mouvement du sarcloir.
9
Seul
sous la terre
rouge,
glaise
meuble,
battue,
arable.
sous la terre
rouge,
glaise
meuble,
battue,
arable.
Aucune terre ne retiendra nos vies,
aucune terre ne nous ensemencera.
Nos corps, grandes silhouettes
chahutées par les vents
mettront en fuite les merles.
aucune terre ne nous ensemencera.
Nos corps, grandes silhouettes
chahutées par les vents
mettront en fuite les merles.
A ces terres nous aurons tout donné.
Avant de fermer les yeux
nous écouterons avec effroi
le grincement mécanique des rideaux du ciel.
nous écouterons avec effroi
le grincement mécanique des rideaux du ciel.
10
L’heure n’a plus de mesure,
L’ombre s’étend au-delà des pierres,
comment tout cela est-il arrivé ?
L’ombre s’étend au-delà des pierres,
comment tout cela est-il arrivé ?
Ne plus rêver ensemble,
ne plus être assis là
où plus rien ne semble bouger,
ne plus savoir se taire,
ne plus savoir où poser cette main,
ne plus savoir où frapper avec ce poing,
ne plus être assis là
où plus rien ne semble bouger,
ne plus savoir se taire,
ne plus savoir où poser cette main,
ne plus savoir où frapper avec ce poing,
ne plus comprendre
la mer …
11
Jour après jour,
deviennent guenilles
nos costumes d’apparat.
deviennent guenilles
nos costumes d’apparat.
Nous nous décomposons lentement
en ce monde où devenus errants,
nous ne parvenons plus à mesurer
la fatigue de nos membres.
en ce monde où devenus errants,
nous ne parvenons plus à mesurer
la fatigue de nos membres.
Nous ne nous connaissons plus de plaintes,
nous acceptons tout
et tout nous est refusé.
nous acceptons tout
et tout nous est refusé.
12
Il est trop facile de se taire
quand tout est saturé,
quand des réseaux à heures fixes
quand tout est saturé,
quand des réseaux à heures fixes
organisent le silence,
quand des machines
redressent ce qui est tordu
aplatissent ce qui se dresse,
veillent à la conformité des futures naissances.
quand des machines
redressent ce qui est tordu
aplatissent ce qui se dresse,
veillent à la conformité des futures naissances.
13
Pas de dedans plus grand
de dehors plus vaste,
nous avalons la parole
pour qu’elle devienne nôtre.
Nous subissons vos rites,
vos lois,
vos procédures,
nous habitons à la surface du drame :
l’univers qui nous anime
n’est pas d’essence divine,
il est né du travail de nos mains
tout ce corps marqué, martyrisé,
se tient encore droit
debout face à la meute
des verbes incorrectement conjugués.
de dehors plus vaste,
nous avalons la parole
pour qu’elle devienne nôtre.
Nous subissons vos rites,
vos lois,
vos procédures,
nous habitons à la surface du drame :
l’univers qui nous anime
n’est pas d’essence divine,
il est né du travail de nos mains
tout ce corps marqué, martyrisé,
se tient encore droit
debout face à la meute
des verbes incorrectement conjugués.
14
Trop de vérités alimentent nos mensonges,
nous sommes anges estropiés,
les survivants d’un monde qui ont oublié la mer.
nous sommes anges estropiés,
les survivants d’un monde qui ont oublié la mer.
15
Enfermé entre ciel et terre,
sachez bien qu’il pleure lui aussi,
sachez bien qu’il les ouvre ses fenêtres,
et le bonheur
d’en bas
chaque
soir
doucement
l’assassine.
sachez bien qu’il pleure lui aussi,
sachez bien qu’il les ouvre ses fenêtres,
et le bonheur
d’en bas
chaque
soir
doucement
l’assassine.
16
Comme des coquillages
les vérités s’ouvrent,
la pourpre soudain
du sexe domine,
cri parmi les os
capable d’engendrer
vision de lits défaits,
lieux sans mesure,
où la peau parle à la peau.
les vérités s’ouvrent,
la pourpre soudain
du sexe domine,
cri parmi les os
capable d’engendrer
vision de lits défaits,
lieux sans mesure,
où la peau parle à la peau.
17
Sur le ciel rose
d’un ancien carrelage,
rayure,
première trace
depuis dix mille ans…
d’un ancien carrelage,
rayure,
première trace
depuis dix mille ans…
18
Pas de Dieu
encore moins de rêves,
tout est tombé,
tout s’est brisé.
encore moins de rêves,
tout est tombé,
tout s’est brisé.
Vos mains ont tenté l’impossible,
elles ont eu ce dernier tremblement
quand la poussière a fui entre leurs doigts.
elles ont eu ce dernier tremblement
quand la poussière a fui entre leurs doigts.
Pas de Dieu,
encore moins de rêves,
tout a été plié,
classé,
tout s’est recroquevillé,
en attente d’un mal rapide,
nécessaire,
d’un mal à hauteur d’homme
avec cette violence sans pardon
transformant l’immense
en un rien calculé.
encore moins de rêves,
tout a été plié,
classé,
tout s’est recroquevillé,
en attente d’un mal rapide,
nécessaire,
d’un mal à hauteur d’homme
avec cette violence sans pardon
transformant l’immense
en un rien calculé.
19
Nous avons vitriolé vos silences,
étouffé toute tentative d’acte sonore,
défait vos couches de pierre,
peuplé vos déserts,
démystifié vos langues,
redonné à l’amertume
la noblesse des vignes.
étouffé toute tentative d’acte sonore,
défait vos couches de pierre,
peuplé vos déserts,
démystifié vos langues,
redonné à l’amertume
la noblesse des vignes.
20
En droite ligne de nos rêves de pauvres
ponts,
passerelles.
ponts,
passerelles.
Au seuil de ce temps
une faille,
secret trop longtemps gardé.
une faille,
secret trop longtemps gardé.
Cri noir dans la nuit des écrans,
en terre des martyrs,
seule la peau tatouée parle.
en terre des martyrs,
seule la peau tatouée parle.
21
La bouche pleine de galets
nous revenons d’un naufrage impeccable,
d’un lieu de décombres
où la parole se couvre
avec les oripeaux du silence.
nous revenons d’un naufrage impeccable,
d’un lieu de décombres
où la parole se couvre
avec les oripeaux du silence.
22
Il n’est pas prudent
de se promener tout en paroles
dans la nuit des villes.
de se promener tout en paroles
dans la nuit des villes.
Des anges nettoyeurs circulent,
ils sont épurateurs d’aubes,
fossoyeurs de signes,
trieurs de mots,
ils vous laisseront nus
avec ce silence terrible
ce silence seul autorisé.
ils sont épurateurs d’aubes,
fossoyeurs de signes,
trieurs de mots,
ils vous laisseront nus
avec ce silence terrible
ce silence seul autorisé.
23
De quel temps sommes-nous nés ?
De quelle flétrissure ?
De quelle abdication ?
Par quel temps sommes-nous malmenés ?
De quelle erreur sommes-nous ?
De quel monde ?
De quelle flétrissure ?
De quelle abdication ?
Par quel temps sommes-nous malmenés ?
De quelle erreur sommes-nous ?
De quel monde ?
24
Vous avez
assez pleuré
sur les vestiges de vos vies,
sur les vestiges de vos vies,
sur les
places dévastées
des villes
où vous êtes nés.
Cohortes aux
pieds sanglants
fuyant
depuis l’aube
les ogives
de la mémoire,
tout ce que
la vie
en un même
jour,
peut
construire et incendier.
Vous avez
assez pleuré
assez plongé
au cœur de l’homme
asse aperçu
sa noirceur,
assez
tremblé
devant ces
sacs d’os et de chairs
obéissant
aux lois absurdes
nées de
leurs cerveaux en désordre.
Vous avez
assez vu les vôtres
dévorés par
cette terre
traversée
par les chars de feu
des
nouvelles divinités,
assez vu
tout cela
pour ne plus
croire en cette humanité
hantée par
la miséricorde de Dieu.
25
À trop crier
espoir,
vie,
semence,
on se
tyrannise.
Laissons un
peu de nuit dans notre jour,
un peu
d’encre en cette couleur,
préférons le
geste au symbole,
le simple au
généreux,
le souvenir
à la résurrection.
26
Les écueils
de la vérité
feront
éclater sa quille,
le monde
cette fois ne sera pas sauvé :
les plans de
l’Arche non donnés par Dieu !
27
C’est la
seule leçon digne d’être transmise,
tant
d’obscurités sont prévisibles,
tant de
signaux percent la nuit.
Si la beauté
est courbe
la cruauté
elle, est rectiligne,
néons en fin
de vie,
clignotements
stériles,
graffitis de
fins de siècles,
l’histoire
honteuse,
en pleurant,
replie ses draps.
28
Nous avions
invoqué la présence des signes,
convoqué des
voix supérieures
pour
qu’elles nous dictent l’histoire.
Les yeux
usés à force de voir,
des mains
ouvertes sans tendresse,
nous avions
des vies d’hommes
épuisés par
les songes amers,
convaincus
de l’ordre absolu
nous
creusions sans relâche
des puits à
jamais éloignés des sources.
29
Laissez-nous
croire au miracle,
à ce qui ne
sera, à ce qui ne peut plus être,
tout en nous
transporte les runes.
En ces temps
foudroyés,
en ces temps
inadmissibles,
notre foi
renaît
pour une
main,
un regard.
Croire en
seul miracle
en cet Eden
revisité
où l’ange
fécond
retourne la
terre ensemencée !
30
Le hasard
brise parfois
les cordes
d’un
instrument bien accordé.
PETITES FAIMS DE SIECLE
1999
1
Il me vient encore
de je ne
sais quelle patrie,
des mots,
des verbes,
tous
bouillants de liberté,
tous avides
d’en découdre.
Là commence
le drame :
comment ne
pas rétablir la dictature des mots ?
2
J’erre
d’inconforts moraux
en
infortunes diverses,
j’erre dans
les copeaux du monde
entre songes
mal rabotés
et quelques
armoires mal fermées,
J’erre,
poète assermenté
j’arrête qui
bon me semble,
une ligne
sans papier,
une plume
sans encre,
un recueil
sans titre.
3
Il est
nécessaire de violenter les formes
de les
forcer dans leurs balbutiements,
pour voir,
sentir,
ce qui peut
rester de tout ce carnaval,
de ce monde
où la dernière heure,
la dernière
minute,
se vendra à
la criée.
Ce monde
impossible
où la beauté
se terre
dans les musées.
Ce monde
grand
collecteur de dégoûts,
de fêtes
ratées, d’amours trompés,
de fortunes
sales, de silences détournés.
Ce monde où
un geste de trop,
une parole
de moins,
vous signale
comme le grand exilé.
4
Nos chemins
furent traversés
d’épuisements
irréels,
belle était
cette fatigue
qui n’avait
besoin de nos souffles,
la terre
entière semblait se déverser
en l’abîme
d’une seule nuit.
5
Les noces furent
si brèves
et le
divorce si long,
nous avons
veillé pour remettre le ciel en état
puis après
un dernier coup de nuage
redonné la
clef au gardien encore endormi.
6
Ces images
sont fragiles,
elles ne
supportent pas les voyages,
posons les
dans notre mémoire
elles
échapperont ainsi aux vicissitudes de la route.
7
Il est un
ciel programmé
cédant à
toutes les manipulations,
à toutes les
traversées,
un ciel
d’expériences
s’en allant
chasser le noir des idées.
8
Cherchez-vous
par hasard quelque chose
que tout le
monde depuis longtemps
aurait
trouvé sans oser le dire ?
9
Au large des
esprits,
au large des
côtes,
je me suis
fourvoyé.
Je me
croyais prêt à renaître
prêt à
fendre le bois et les flots,
je me
voulais cognée, étrave,
un jour
géant, un jour fourmi,
au hasard
des mondes rencontrés.
10
J’avais cru
voir en vous
passer
l’ombre d’un pardon,
c’était sur
le mur d’en face
le
clignotement d’un néon.
11
Sur la terre
des merles et des grives,
je vous
laisserai le temps
pour tuer
votre guerre.
12
C’est une
douleur trop lente
pour notre
Babel moderne,
c’est un
fleuve trop grand
pour
nos errances citadines.
Elle n’a
cessé de croître,
elle n’a
cessé d’agrandir son monde
en clartés
froides,
elle n’a
cessé de lancer des convois
gros
insectes noirs numérotés
sous la
laideur des éclairages électriques.
13
Panique sous
les combles
la maison
brûle,
et les
amants dans le jardin
échangent
des serments.
14
Vous encore
si vivante
aussi belle,
aussi grande,
après avoir
traversé tant de fleuves,
tant de
territoires,
vous encore
si vivante
après tant
de pillages,
tant
d’erreurs d’aiguillage,
de mauvais
convois
lancés dans
la nuit hideuse,
vous encore
si vivante
vous ne
renoncerez jamais,
vos bras
comme fusils,
vos jambes
comme chenilles de char,
votre bouche
comme lance-missiles,
avec tout cet océan de sang à vos pieds,
vous encore si vivante,
cratère d’os offrant à des milliers de lèvres
le breuvage noir de drames futurs,
vous encore si vivante
icône de la mort la plus lente.
avec tout cet océan de sang à vos pieds,
vous encore si vivante,
cratère d’os offrant à des milliers de lèvres
le breuvage noir de drames futurs,
vous encore si vivante
icône de la mort la plus lente.
15
Je me suis
rêvé rocher immobile,
serein,
indélogeable,
plus bas
l’herbe semblait plus verte,
l’ombre plus
fraîche,
hélas !
il me faudra attendre
l’heure du
prochain déluge.
16
C’est
regrettable
et vous m’en
voyez désolé !
Votre temps
de parole est épuisé
l’essentiel
ne sera jamais dit …
17
Au chat
Picasso mars 1999
Ce n’était
qu’un chat
et je
n’étais qu’un homme,
mais quand
il me regardait
j’étais Dieu.
18
Tous les
massacres filmés nous rendent indigents,
pas une
parole, pas un souffle qui ne s’élève là-bas
sans cette
grande souffrance des humbles.
Vous êtes en
cette nuit illuminée
des vivants
devenus en quelques heures
des
sans-abri, des sans-terres.
Que vos
ombres martyrisées
deviennent
nôtres !
et
témoignent de ce jour
au jour dernier du jugement !
Que vos ombres nous condamnent tous
nous les faiseurs d’humanités perdues !
au jour dernier du jugement !
Que vos ombres nous condamnent tous
nous les faiseurs d’humanités perdues !
19
Qui tire sur
la corde là-haut ?
Qui joue à
nous rendre la vie impossible ?
À force de
tirer sur cette corde elle risque de se rompre,
qui alors la
remplacera ?
20
Sur une
étroite bande de terre
à la merci
de tous les vents,
en un pays
minuscule sans routes ni ponts,
un conteur
seul sur sa natte…
Il a enlevé
avec lui
tous les
enfants des villages…